Rennes et ses alentours

Rennes, capitale d’une Bretagne protestante ? Le propos pourrait faire sourire tant la réputation de cette région est d’être une terre catholique. Pourtant, Rennes et sa région conservent des traces vivantes de leur passé protestant. Le promeneur, celle ou celui qui veut voir et comprendre les marques rennaises de cette « religion prétendument réformée », mènera ses pas dans le centre de la ville.

Le Parlement de Bretagne © Pi

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    Par Pierre Hachet

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    Il est possible de commencer un parcours devant le Parlement de Bretagne. Pourquoi ce lieu qui, a priori, a pourtant peu à voir avec la religion ? Simplement parce que c’est ici que l’Édit de Nantes fut déposé en 1600. L’édit, signé en 1598, l’a été d’abord à Paris en 1599 puis à Rennes et Bordeaux l’année suivante. Rennes fut donc l’une des toutes premières villes à pouvoir appliquer les dispositions de ce texte. La religion protestante conquit un certain nombre de magistrats. À l’origine, elle toucha d’ailleurs essentiellement les élites. L’hostilité des catholiques, particulièrement du collège des Jésuites, fut active et, pour tout dire, assez brutale.

     

    Les temples réformés

     

    Le premier temple protestant se situait à Cleunay, aujourd’hui un quartier de la ville. Il n’en reste rien, il a été détruit volontairement quatre fois.
    Il fallut attendre le XIXe siècle et la période du Réveil pour que les protestants reprennent droit de cité à Rennes. En 1834, un temple provisoire, sans doute rue de Fougères, réunit les protestants rennais autour du pasteur Eugène Filhol, arrivé de Lyon. Il a trouvé à Rennes des familles anglaises, des Suisses et des Français. Leur présence s’est concrétisée par la construction d’un temple digne de ce nom. De style néo-roman, il ouvre ses portes en 1882, au 22 boulevard de la Liberté. Paul Ricœur le fréquenta durant sa vie rennaise. Il est aujourd’hui occupé par l’Église protestante unie de Rennes.

     

    Le temple évangélique

     

    À l’est du centre-ville, l’Église protestante évangélique a acquis l’ancienne chapelle des Carmes, 13 rue Martenot, en 1998. De style néo-gothique, cette chapelle, seul reste d’un couvent de carmélites, a été bénie en avril 1867. Longtemps laissée à l’abandon, elle fut restaurée pendant treize ans, de 2002 à 2015. Les protestants évangéliques ont ainsi leur lieu de culte dans cette chapelle, située à deux pas du magnifique jardin du Thabor.

    Le temple actuel de l’Église protestante unie de Rennes © Pierre Hachet

    Le temple évangélique © Pierre Hachet Le temple évangélique © Pierre Hachet 

     

    L’exposition sur l’affaire Dreyfus

     

    Au musée de Bretagne, dans le centre culturel « Les champs libres », une exposition est consacrée à l’affaire Dreyfus, dont le procès en appel s’est déroulé à Rennes. On pourra y découvrir des lettres de soutien émanant de protestants connus. Il s’agit, par exemple d’Auguste Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat, de Louis Leblois, avocat, ou encore de Gabriel Monod, historien et professeur d’université.

     

    Le château du Bordage

     

    Une échappée au-delà du strict périmètre rennais emmènera le visiteur vers Ercé-près-Liffré à une trentaine de kilomètres au nord-est de Rennes où se situe le château du Bordage. Ce château a été construit au XIVe siècle et a beaucoup évolué au cours des siècles. Le premier château était de forme carrée. Il reste des ruines de la « tour aux chiens » et des vestiges de la ceinture fortifiée. Il fut construit par la famille Montbourcher, devenue rapidement adepte de la religion réformée. Les pasteurs de Rennes s’y sont réfugiés et, à certaines périodes, il a accueilli une Église complète (ministre, temple et consistoire) lorsqu’il était malvenu de se dire protestant. Le château, aujourd’hui résidence privée, ne se visite pas.

    Le château du Bordage © Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

    L’église Saint-Ouen

     

    À quelques kilomètres vers le nord-ouest, la commune des Iffs abrite l’église Saint-Ouen. Édifiée au XVe siècle, selon un plan en croix de Lorraine avec deux transepts, elle est un bel exemple du style gothique flamboyant breton. Sa construction, commencée au XVe siècle, se poursuit au XVIe sous l’impulsion de la famille de Coligny, particulièrement Gaspard et son jeune frère François. Dans cette chapelle, Gaspard épouse Charlotte de Laval dont la famille possède le château de Montmuran situé sur la commune. Charlotte deviendra protestante, vers 1558. Son mari sera protestant peu après. Il sera appelé à devenir l’Amiral de Coligny et prendra la tête du parti huguenot.

    L’église Saint-Ouen © Clemensfranz, CC BY-SA 3. Wikimedia Commons

     

    Ce joli parcours oublie certainement quelques événements, mais permet de passer quelques heures au cœur du protestantisme rennais.

     

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