Une pasteure sort la tronçonneuse

Une pasteure suisse alémanique a décidé de scier une vieille chaire d’église pour en faire une table autour de laquelle elle souhaite inviter les jeunes de sa paroisse.

Kathrin Bolt a tronçonné la chaire de son église pour interpeller sur la place de la Parole dans le culte © ref.ch

Il y a quelques semaines, la pasteure suisse alémanique Kathrin Bolt a troqué sa robe pastorale contre de lourds vêtements de protection. Elle a ensuite actionné une tronçonneuse, a placé la chaîne dentée sur une vieille chaire d’église mobile et l’a sciée en deux, de manière déterminée. « C’était un peu douloureux », raconte-t-elle, quand on l’interroge. « Mais il y avait aussi quelque chose de libérateur dans le fait de pouvoir scier une telle chaire, symbole d’une vieille tradition », ajoute-t-elle.

Des cultes sans prédication

L’ancienne chaire ne doit pas devenir du bois de chauffage, mais remplir une fonction toute particulière et nouvelle : l’équipe pastorale, en collaboration avec des jeunes et un menuisier professionnel, construira une table à partir de la chaire au cours des prochaines semaines.
C’est autour de celle-ci que les paroissiens se sont réunis quatre dimanches en février pour discuter et prendre la Cène ensemble. Le projet Cultes sans prédication, qui en est déjà à sa deuxième édition, est à l’origine de cette initiative. Dans ce cadre, les pasteurs renoncent à prononcer une prédication. « Nous voulons nous éloigner du monologue et nous rapprocher de la communauté de la table », explique son collègue, le pasteur Uwe Habenicht. Car au sein du collège pastoral, on s’accorde à dire qu’il faut développer des formes de communications religieuses plus surprenantes et plus variées.

Une table représente tellement

Uwe Habenicht est conscient que l’action de la tronçonneuse n’a pas été bien accueillie par tous. Mais à notre époque, l’Église peut, voire doit, irriter. « Si nous ne le faisons pas, nous ne ferons que ressembler à un musée », formule-t-il.
De son côté, Kathrin Bolt est convaincue que beaucoup estiment également beau que la chaire devienne une table. « Une table représente tant de choses. On y mange, on y vit, on y lutte. On y rit et on y pleure. On s’y assoit seul, en famille ou avec des amis ».

Andreas Bättig,
Ref.ch, le portail des réformés

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