Mission et ministères, un défi pour toute l’Église !*

© Galina Peshkova

Quand on vous dit mission de l’Église, vous pensez peut-être à des missionnaires au loin ou à de grands projets qui vous dépassent. Quand on vous dit ministères dans l’Église, vous pensez peut-être au pasteur de votre paroisse. Et quand notre Église lance un travail intitulé Mission de l’Église et ministères, vous en concluez peut-être qu’il s’agit de réfléchir au vaste travail des pasteurs.

Eh bien, vous avez raison… mais en partie seulement. Car si les pasteurs font partie du sujet, ils n’en sont qu’un des aspects. Il ne faudrait pas que cet arbre du ministère pastoral cache la forêt de tous les ministères à l’œuvre dans l’Église. Et il ne faudrait pas non plus que l’attention accordée aux moyens – les acteurs de la mission tels que les pasteurs – fasse oublier la réflexion de fond sur le but même de la mission.

Une mission de témoignage

Car à quoi bon réfléchir à ce qui concerne à peine deux membres de l’Église sur mille – les pasteurs – si l’on ne s’intéresse aussi à ce que font tous les autres et à leur motivation ? Le risque, dans ce cas, ne serait plus que l’arbre cache la forêt, mais bien qu’il la remplace, le ministère pastoral incarnant à lui seul l’ensemble de la mission de l’Église. Est-ce vraiment là l’Église de témoins que nous voulons ?

Si l’on définit la mission de l’Église comme étant de rendre témoignage, en paroles et en actes, de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, alors on ne peut manquer de s’interroger sur la manière de le faire. La réflexion englobera aussi les personnes qui agissent au service de cette mission, ses serviteurs (ou ministres). Qui donc alors est concerné ? Tous les membres de l’Église, car la mission, c’est le défi de toute l’Église !

C’est bien pour cette raison que notre Église reconnaît un grand nombre de ministères en son sein. Les uns sont collégiaux, pour « gouverner » l’Église (Conseil presbytéral, régional, national…) ; les autres sont personnels, selon les dons reçus (prédicateurs, musiciens, catéchètes, animateurs jeunesse ou d’entraide, pasteurs, professeurs de théologie, aumôniers, informateurs régionaux, évangélistes…). Parmi ces ministères personnels, certains sont exercés à plein-temps sur un mode professionnel. On y accède après des études de théologie et à l’issue d’un discernement exercé par la Commission des ministères. On parlera alors de ministères personnels de l’Union.

Une liste non exhaustive

De tous ces ministères, il est difficile de dresser une liste exhaustive, car la réalité évolue sans cesse et ils sont appelés à évoluer eux aussi, afin de demeurer fidèles à leur objet : être au service d’une annonce vivante de l’Évangile au plus grand nombre.
Cette évolution est particulièrement sensible à travers la déchristianisation, la méfiance à l’égard des institutions religieuses, le renforcement de l’individualisme, la multiplication des sources de connaissance ou le renouvellement fondamental des modes de communication et de vie sociale qui y sont liés.
Comment poursuivre alors la mission de toute l’Église ? En s’appuyant sur quels ministères, y compris sur un mode professionnel (mais pas seulement) ? C’est pour tenter de répondre à de telles questions que notre Église s’est lancée dans une réflexion synodale touchant au sens même de sa présence et de sa pertinence dans le monde actuel.

Il va falloir beaucoup de souplesse pour répondre aux besoins de ministères pas uniquement tournés vers les pratiquants habituels, mais sachant aller aussi vers d’autres et favoriser l’émergence de nouvelles formes de vie d’Église (ministères d’évangélistes, de pionniers, de présence dans les médias numériques…). Mais même les ministères plus classiques sont concernés, car on ne peut plus animer un culte ou une catéchèse de la même manière qu’avant. Les pasteurs aussi devront donc s’ouvrir à ces évolutions pour accompagner au mieux leur paroisse. N’ayant évidemment pas tous les dons, il leur faudra d’autant plus travailler en équipe avec des collègues et d’autres membres d’une Église cherchant toujours davantage à être pleinement Église de témoins. C’est ainsi, en osant expérimenter, que nous redonnerons du mouvement aux ministères et à notre Église dans sa mission !

Pasteur Étienne Berthomier,
Église protestante unie de Quimper Sud-Finistère, rapporteur au Synode national

* Cet article fait partie du dossier Ministères dans l’Église, les nouveaux défis. Voir le sommaire.

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