Deux engagements, une conviction

Élisabeth Marchand © DR

Élisabeth Marchand est conseillère municipale et pleinement engagée dans la vie de l’Église locale, deux engagements qui reflètent ses convictions pour une justice sociale et écologique, et sa foi en Dieu.

À l’été 2017, suite au décès en cours de mandat du maire de ma commune, j’ai été appelée pour compléter l’équipe municipale qui devait être réélue. Cela faisait deux ans que nous étions arrivés dans la campagne poitevine où mon mari avait été nommé pasteur proposant.

Un temps pour découvrir

À la faveur d’un congé parental pour m’occuper de nos trois jeunes enfants, j’ai mis à profit ce temps pour découvrir, rencontrer et m’engager de multiples façons sur ce territoire d’adoption dans lequel nous nous sentons si bien : association de parents d’élèves, club sportif et école de musique, création d’un jardin partagé, et bien sûr, l’Église protestante dans laquelle j’ai naturellement trouvé ma place.

Nous y avons reçu un accueil formidable et j’ai apprécié ne pas être rangée dans une catégorie figée de « femme de pasteur ». Au contraire, j’ai pris mes marques comme simple paroissienne et j’ai pu m’y engager à mon rythme : quelques cultes de maison, une formation pour être prédicatrice laïque avant d’assurer la présidence de certains cultes, la rédaction d’articles pour Le Protestant de l’Ouest, pour un journal œcuménique local, la mise à jour régulière du site internet et l’envoi d’une infolettre hebdomadaire à nos membres.

Une occasion d’œuvrer au vivre ensemble

J’avais fait le constat au bout de deux ans que j’étais engagée dans de nombreux réseaux qui ne se connaissaient pas vraiment et ne se croisaient que trop peu. Lorsque j’ai rejoint l’équipe municipale, j’y ai vu une occasion d’œuvrer au vivre ensemble de notre village d’adoption tout en découvrant la gestion d’une commune de 2000 habitants. Pendant toute mon enfance dans mon village alsacien, je garde le souvenir de mes parents très engagés dans la vie locale : mon père au Conseil municipal et ma mère au Conseil presbytéral. Les deux allaient de pair et nous participions à toutes les fêtes du village, aussi bien le 14 juillet que les fêtes paroissiales, ou même d’école, ma mère étant institutrice.

Une contribution très concrète

Les deux premières années où j’ai siégé comme simple conseillère municipale m’ont permis de découvrir l’envers du décor et d’apprendre beaucoup de choses. Au moment de préparer le renouvellement de l’équipe autour d’un nouveau maire, j’ai accepté de la rejoindre, comme adjointe cette fois-ci. Le défi était intéressant car à l’aube d’un nouveau mandat, le champ du possible est très large et nous ne manquions pas d’idées pour améliorer la vie de nos concitoyens. Je suis plus particulièrement chargée de la communication, des projets citoyens et de la vie économique et je participe au centre communal d’action sociale. Ces lieux d’engagement sont très stimulants car à l’échelle d’un territoire rural comme le nôtre, nos décisions peuvent contribuer très concrètement à changer la vie des gens, et nous l’espérons, pour le meilleur !

Un appel à vivre ici et maintenant

Je ne fais aucune distinction entre mes engagements d’Église et municipaux car ils puisent dans les mêmes ressources : mes convictions en faveur de la justice sociale et écologique, ma foi en un Dieu d’amour qui accueille et rejoint chacun là où il est, mon espérance en un avenir plus juste et désirable que nous sommes appelés à construire. Et j’ai le sentiment que dans tous mes engagements, j’essaie à ma mesure de contribuer à l’avènement du Royaume de Dieu. Je ne parle pas d’une vision lointaine post-mortem mais d’un appel à vivre ici et maintenant en reconnaissance de ce que j’ai reçu de Dieu.

Une occasion de témoigner

Je ne maîtrise pas la façon dont je suis perçue par mes concitoyens et j’imagine que certains voient au-delà de ma personne le « réseau protestant » du village. Je me souviens lors des dernières élections départementales avoir lancé à la cantonade en fin de culte « et n’oubliez pas d’aller voter ! Pour qui vous voulez, mais allez voter ! ». Lors de ce scrutin, notre équipe municipale était en tension entre deux candidats et je suis restée ferme et assurée dans mes convictions lorsque j’ai publiquement choisi de soutenir le candidat de gauche qui était opposé à mon maire recruté comme suppléant par un candidat de droite. À l’incompréhension de certains de mes collègues conseillers, j’ai opposé à une loyauté politicienne mes convictions personnelles sans cacher qu’elles puisent leur origine dans ma foi chrétienne. C’était sans doute la plus belle occasion qu’il m’ait été donnée de témoigner !

Élisabeth Marchand,
Église protestante unie du Poitou rural et conseillère municipale

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