Reconnaître de nouveaux ministères*

Reconnaissance des ministères des bénévoles par les conseillers presbytéraux, Bourges, novembre 2016 © Élisabeth Renaud

Tout ministère se fonde sur le discernement et la reconnaissance. Deux dimensions qui autorisent une grande liberté d’expérimentation et sont essentielles à la réflexion de l’Église unie sur la mission puis sur les ministères.

L’Église compte plusieurs types de ministères, certains sont au service de l’union de l’Église, en particulier les ministères pastoraux. Les pasteurs discernés par la Commission des ministères peuvent être appelés auprès d’une Église locale dans toute la France et sont au service de la communion de l’Église. D’autres, également ministres de l’union, se spécialisent par exemple en animation biblique, jeunesse ou communication.
Pour des projets et des besoins ponctuels ou spécialisés, d’autres ministères relèvent du discernement de la région ou de la paroisse. Généralement assumés par des bénévoles, notamment les conseillers presbytéraux, prédicateurs laïcs ou catéchètes, et font l’objet d’une reconnaissance liturgique locale.

Des expériences locales et régionales

Si la catéchèse, la prédication ou la visite restent bien sûr des constantes du ministère pastoral et des bénévoles, l’Église fait face à des évolutions : internet et les réseaux sociaux modifient les approches et impliquent de nouvelles compétences, la disponibilité des paroissiens change avec la place du travail dans la vie familiale, les projets de témoignage se multiplient. Le besoin se fait donc sentir de nouvelles formes de ministères, aux contours encore flous. Faut-il par exemple que des paroisses se dotent de diacres pour soutenir le travail pastoral ou l’évangélisation, au risque qu’ils soient considérés comme des sous-pasteurs ? Certaines compétences techniques impliquent-elles des salariés plus que des bénévoles ? Ces interrogations traversent l’Église depuis des décennies, au point que certaines régions ou paroisses ont déjà franchi le pas de l’expérimentation. Mais sont-elles bien posées ?

L’importance de la reconnaissance

Au regard de la notion de ministère, la principale question est celle du discernement et de la reconnaissance. À quelles conditions le ministère d’une personne appelée à une mission ponctuelle nécessitant une brève formation théologique ou une compétence technique, pourrait-il être pleinement reconnu ? Tout fait débat dans un temps où le nombre de nouveaux pasteurs ne pourra bientôt plus compenser le départ d’une génération d’anciens, d’autant qu’un manque de bénévoles pourrait aussi peser sur le rôle du pasteur et le fonctionnement de l’église locale. Certains demandent donc l’adaptation de l’enseignement théologique vers plus de formations pratiques pour instituer des diacres, d’autres interrogent la vocation de l’Église et promeuvent des ministères d’évangélistes, d’autres souhaitent des formations de prédicateurs, de visiteurs ou de communicants officiellement reconnues.

Se sentir autorisé

De portée nationale, le débat synodal mènera peut-être à une évolution du ministère pastoral pour mieux répondre aux défis pour l’Église dans la société, évolution qui sera prise en compte par la Commission des ministères.

Sur le terrain paroissial ou régional, ces débats sont souvent liés à des projets précis ou des personnes désireuses de servir l’Église. Vouloir par exemple assumer une mission sur les réseaux sociaux, la médiation ou la musique est une chance pour l’Église. Mais ces formations ne dépendent pas d’une faculté de théologie. Se sentir autorisé à l’exercer est donc là encore une affaire de reconnaissance de proximité ; celle-ci vient de l’attention portée par d’autres à l’action menée, qu’elle soit bénévole ou salariée. Cela peut se traduire par la liturgie, le statut de cette mission ou un contrat laïc rétribué, au-delà de certains aspects légaux. Faire l’effort de surmonter ces écueils est peut-être aussi une marque de reconnaissance. La grande liberté de créer de nouveaux ministères, donnée par la reconnaissance devra ainsi vaincre des freins historiques, de conformisme ou les peurs personnelles qui souvent la brident. Un enjeu majeur pour l’avenir.

Entretien avec Dominique Hernandez,
Pasteure de l’EPUdF et membre de la Commission des ministères
* Cet article fait partie du dossier Ministères dans l’Église, les nouveaux défis. Voir le sommaire.

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