Les fêtes de la lumière par delà les siècles et les frontières

C’est en décembre que l’obscurité et le froid rendent le raccourcissement des jours le plus sensible, dans une peur archaïque et ancestrale que la lumière ne revienne pas.

Alors comme pour conjurer cette crainte, différentes célébrations se déroulent sous le signe de la lumière : partons pour un Avent interreligieux de Lyon à Jérusalem en passant par Stockholm où des balises lumineuses rapprochent à leur façon des peuples différents.

La Fête des Lumières de Lyon

Lumignons sur le bord d’une fenêtre pour la fête des lumières, le 8 décembre, à Lyon © Myrabella -Wikimedia Commons

Le 8 décembre correspond dans le calendrier catholique à la fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, née neuf mois plus tard selon la tradition. Si ce dogme marial est récent car proclamé seulement en 1854 par le pape Pie IX, il s’appuyait sur une riche tradition de recours à une protection divine dans le quotidien, incarnée par la figure de Marie.
Ainsi, en 1643, une procession en l’honneur de la Vierge semble avoir arrêté net la propagation d’une épidémie de peste à Lyon. Plus de deux siècles après en 1852, une statue dorée de la Vierge couronnée devenue la protectrice de Lyon est inaugurée sur la colline de Fourvière dominant la ville. Mais des pluies diluviennes empêchent les feux d’artifice prévus ; profitant d’une accalmie, la population allume des chandelles et lumignons à chaque fenêtre, illuminant ainsi la ville. La tradition s’est maintenue, renforcée par la dévotion mariale qui parcourt le XIXe siècle français (apparitions de la Vierge rue du Bac à Paris en 1830, à la Salette en 1846, à Lourdes en1858).
Depuis 1989, la municipalité de Lyon a revitalisé la coutume du 8 décembre en la laïcisant sous forme d’une Fête des Lumières avec de somptueuses mises en lumière des différents édifices de la ville. Un million de spectateurs se pressent alors dans les rues et ce succès aboutira à l’annulation de la fête pour 2020 en raison de la pandémie. La Vierge couronnée s’effacerait-elle devant le coronavirus ?

La Sainte Lucie en Suède

Procession de la Sainte Lucie en Suède © CC BY-SA 3.0

Le 13 décembre est célébrée en Suède la Sainte Lucie. Comment le culte de cette jeune chrétienne sicilienne martyrisée en 304 après JC a-t-il pu s’imposer si loin de l’Italie et dans un pays devenu complètement protestant lors de la Réforme ? Peut-être simplement par ce nom de Lucie, signifiant lumière et symbolisant la hantise d’une Scandinavie plongée dans les longues nuits d’hiver. Ce jour-là, dans les familles et les écoles, les jeunes filles s’habillent de blanc, l’une d’entre elles est proclamée Sainte Lucie et porte une couronne plantée de bougies. S’ensuivent processions, chants et distribution de délicieux gâteaux au safran aux parents et amis. La coutume reste vivace et a même connu des critiques quant à son caractère genré et ethnique. Il y a quelques années, ce fut un garçon suédois d’origine orientale, brun et le teint mat, qui eut l’honneur d’être « Sainte Lucie »… Sa photo dans un grand catalogue de vente déclencha des débats et des polémiques passionnés…

 

Hanouka, Europe du Nord, 1808 © Sailko -Wikimedia Commons

La fête de Hanouka

Enfin, durant la semaine du 10 au 18 décembre, le judaïsme célèbre la fête de Hanouka qui commémore un miracle lors de la purification du Temple de Jérusalem. Celui-ci avait été profané par les envahisseurs grecs du roi Antiochos au IIe siècle avant notre ère. La révolte très sanglante mais victorieuse menée par les frères Macchabées avait abouti à la libération du sanctuaire mais pour rallumer le chandelier sacré, il ne restait qu’une petite fiole d’huile. Selon la tradition rabbinique, cette petite quantité d’huile suffit néanmoins pour huit jours, le temps de reconstituer des réserves rituelles.
À Hanouka, chaque soir pendant huit jours, est allumée une bougie d’un chandelier spécial à neuf branches pour rappeler ce lumineux miracle. Friandises, jeux et cadeaux accompagnent cette célébration, que la proximité des dates rapproche d’une certaine façon du Noël chrétien.

Par delà les siècles et les frontières, la lumière et la chaleur d’une simple flamme ne sont-elles les plus sûrs moyens de nous relier les uns aux autres ? À toutes et à tous, joyeux Noël !

Jean Loignon, Église protestante unie de Saint-Nazaire

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