Les logis du Poitou ont ouvert leurs portes

L’association Maison du protestantisme poitevin* a proposé, le premier dimanche d’octobre, une « Balade des logis ». Le logis de Bougouin à La Crèche, et le logis du prieuré de Pied-Foulard à Prailles ont ouvert leurs portes aux visiteurs, accompagnés d’Aude Baranger, animatrice.

Le logis de Bougouin

Le logis de Bougouin à La Crèche © MPP

D’illustres personnages comme Agrippa d’Aubigné et son épouse Suzanne de Lezay ou encore le prince de Condé et Henri de Navarre, le futur roi Henri IV ont foulé le sol de ces lieux quelques siècles plus tôt. C’est à Bougouin, le 6 juin 1583, qu’eut lieu l’union de la descendante de la grande famille des Vivonne, Suzanne de Lezay et du célèbre poète, historien, homme de guerre, fidèle d’Henri IV et farouche protestant, Agrippa d’Aubigné. Ils sont les grands-parents de Françoise d’Aubigné, épouse morganatique de Louis XIV, plus connue sous le nom de Madame de Maintenon. Mais cette union ne fut pas si facile à concrétiser pour Agrippa d’Aubigné qui tomba sous le charme de cette demoiselle. Il a dû durant six à sept années lui vouer une cour acharnée mais surtout convaincre le curateur de Suzanne, René de Vivonne, pour qui Aubigné était de trop petite noblesse, pour pouvoir épouser sa nièce. Ce n’est qu’avec l’insistance d’Henri de Navarre, qui alla même jusqu’à venir à Bougouin pour persuader les Vivonne d’accorder la main de Suzanne à Agrippa et après divers stratagèmes, le mariage pu enfin se réaliser. Bougouin est aussi tristement connu pour sa prison dont les visiteurs ont pu découvrir les vestiges. Cette prison que l’on craignait par-dessus tout, fut le lieu d’enfermement de plusieurs chefs huguenots durant les guerres de Religion. Elle est ainsi décrite : « Ces cachots étaient terrifiants par leur exiguïté qui interdisait la position debout et par leur insalubrité, ils étaient inondés l’hiver et les sols devaient être surhaussés ». En octobre 1685 on en témoigne ainsi « On y couche les réformés la nuit sur une grille submergée d’un demi-pied d’eau et on les enfouit le jour dans un puits ». 

Le logis de Pied-Foulard

Le logis de Pied-Foulard à Praille © MPP

Remontant à la lueur du jour, les visiteurs ont gagné le logis du prieuré des bénédictines de Pied-Foulard à Prailles. Ce dernier logis est connu pour avoir été occupé dès le XVIe siècle par une importante famille protestante d’échevins de Niort, seigneurs de Pied-Foulard, la famille Chalmot. Cette famille, dont 134 personnes ont pu voir leur histoire reconstituée par les recherches du pasteur Jean Rivierre dans son « Dictionnaire des familles protestantes du Poitou », (un exemplaire est conservé et consultable au Centre de documentation Jean Rivierre de La Couarde), fut durement persécutée durant les dragonnades et durant la période du Désert (1685-1787). Un exemple en est, du supplice vécu par Perette Chalmot, en 1685, qui fut contrainte à cause de son opiniâtreté à rester dans la foi protestante, à réciter lentement un pater (Notre Père), avec un charbon ardent dans une main puis à réciter à nouveau un pater avec un autre charbon ardent dans l’autre main car elle l’avait récité trop vite. Mais ceci n’eut pas raison de sa ténacité, elle sera envoyée dans divers couvents pour conversion. Cela restera sans effet, elle sera ensuite expulsée du royaume de France. Ce qui explique qu’une grande majorité des membres de cette famille partira vers les pays du Refuge, en empruntant différentes voies de l’exil. Enfin les visiteurs, grâce aux sœurs et à la prieure Anne-Delphine, ont pu découvrir les raisons du choix du lieu de ce prieuré acquis en 1996 par la communauté bénédictine et comprendre les règles qui régissent leur vie. C’est pourquoi, Pied-Foulard est devenu un lieu propice pour cette nouvelle implantation monastique qui, dans une volonté d’œcuménisme, reste cependant discrète et respectueuse de la mémoire de cette terre et de son histoire.

Aude Baranger, animatrice du Musée du Poitou protestant

*L’association Maison du protestantisme poitevin gère le musée du Poitou protestant à Beaussais et le Centre Jean Rivierre à La Couarde.

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