Paul dans la tempête, une lecture actualisée

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Le livre des Actes des apôtres nous propose un récit de crise, à l’image de celle que nous avons vécu en cette année 2020 qui restera l’année de la Covid19 et du confinement quasi mondial.

Saint Paul pris dans une tempête dramatique sur la méditerranée, récit qui fait écho à nos crises actuelles. Paul a embarqué sur un bateau, sous la garde d’un centenier, pour aller à Rome et y être jugé. C’est au chapitre 27 du livre des Actes des apôtres et le début du 28.

Un lanceur d’alerte

À un moment du voyage, Paul se rend compte qu’une tempête grave risque de se produire et de mettre en péril, non seulement la cargaison, et donc le gagne-pain des marins, mais aussi la vie de tous les passagers. Paul sait discerner ce qui se passe autour de lui. Il devient alors un lanceur d’alerte.
Le décideur, c’est-à-dire le centenier romain, lui, préfère écouter les spécialistes, le pilote et le patron du navire, des marins expérimentés, ce qui n’est pas le cas de Paul. Mais ces derniers disent que tout va bien aller car ils ne perçoivent qu’un vent léger. Ils y ont intérêt pour des raisons économiques.
Et voilà que la tempête arrive, comme Paul l’avait prédit. Des premières mesures sont mises en place, comme baisser les voiles, mais ça ne suffit pas. Il faut alors jeter la cargaison à la mer pour avoir une chance de survie. La sauvegarde de la vie prévaut sur les aspects économiques.

Un message de confiance

Au plus profond de la tempête, Paul, lui le prisonnier, a un message de confiance pour tous, car Dieu est là, il le sait. Il ne faut pas se laisser abattre. On va s’en sortir. Il y aura des dégâts mais l’essentiel sera préservé : la vie. Tous reprennent alors courage.
Mais à l’approche de la terre, des matelots cherchent alors à partir en douce, seuls avec la chaloupe, mais Paul intervient : c’est tous ensemble qu’on s’en sortira. Personne ne doit jouer sa carte au détriment des autres.
Il faut aussi de l’énergie pour affronter les difficultés. Paul exhorte chacun à manger. La nourriture qu’il propose est à la fois matérielle, du pain, mais aussi spirituelle : en effet il fait un geste qui évoque sans ambiguïté la liturgie de la communion : rendre grâce, rompre le pain et le partager. Et le bateau s’échoue enfin. Tout le monde est sauvé.
Mais ils se retrouvent en terre barbare. Et pourtant, cette terre inconnue, qu’ils pensaient inhospitalière, va leur réserver de belles surprises et des occasions inattendues d’annoncer l’Évangile.
Finalement au bout de plus de trois mois, Paul va quitter l’île. Arrivé prisonnier, il repart, toujours prisonnier certes, mais couvert d’honneurs et va arriver enfin à Rome.

Une message d’espérance

Ce récit a beaucoup de similitudes avec ce que nous vivons. Il y a eu des lanceurs d’alerte mais on a préféré écouter des spécialistes qui ne voyaient rien de grave venir. On a privilégié la vie des gens plutôt que l’économie. Avec des morts et une économie chahutée, maintenant nous arrivons en terre inconnue et nous ne sommes pas rassurés. Il va nous falloir du temps pour arriver à destination.
Ce récit nous invite à apprendre à discerner les signes des temps et à être comme Paul des lanceurs d’alerte. Posons-nous aussi cette question : que suis-je prêt à sacrifier dans ma vie pour survivre, moi et les autres (confinement, port du masque, réduction de mon empreinte carbone face au défi écologique, …).
Sachons également redonner confiance aux autres au cœur des crises car Dieu n’est pas absent de notre monde. L’Église n’est-elle pas appelée à apporter au monde un message d’espérance ?
On ne va pas s’en sortir tout seul. Il faut jouer collectif. C’est un des rôles du politique mais l’Église a aussi un rôle à jouer en tant que communauté. Il est important en temps de crise de nous nourrir spirituellement et de partager cette nourriture.
Le monde d’après n’est pas forcément exactement le monde d’avant. En tout cas, on risque de passer par une terre inconnue. Mais il ne faut pas en avoir peur car elle peut être l’occasion de belles opportunités, pour nous et pour l’Évangile.
Il faudra du temps mais on arrivera à destination, celle voulue pour nous par Dieu. Alors courage et confiance !

Françoise Giffard, Église protestante unie d’Angers-Cholet

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