La Rochelle et son musée d’histoire protestante

Un musée de la Réforme doit, selon certains grands principes, toujours se réformer. À la veille des 450 ans de la Confession de foi de la Rochelle (1559), le Musée rochelais d’histoire protestante a repensé complètement sa muséographie.

 

La tour Saint-Nicolas (à gauche) et la tour de la Chaîne © Élisabeth Renaud

 

Par Annick Notter et Janick Pilot

 

À La Rochelle, le Vieux Port, les rues à arcades invitent à la flânerie. Immanquablement, le visiteur passe devant l’élégante façade de l’ancienne église des Récollets, ces religieux franciscains appelés dans la ville par Louis XIII pour œuvrer à la conversion des protestants après le siège de 1627-1628. Typique de l’architecture de la Contre-Réforme, cette église a été construite à l’emplacement de la salle Saint-Michel, un des premiers lieux de culte protestants autorisés dans la ville au milieu du XVIe siècle. Vendue comme bien national à la Révolution, elle a été achetée par la communauté protestante qui y célèbre régulièrement le culte depuis 1802. Au XIXe siècle, des aménagements importants y ont été réalisés, dont l’acquisition d’un orgue Merklin récemment restauré.

 

L’Écriture seule

 

Le temple de La Rochelle @ Élisabeth Renaud

L’accès au musée s’effectue par le temple. Créé en 1931, il est classé musée de France. Il se déploie sur trois salles qui font revivre les grands événements qui ont marqué l’histoire locale et dont les échos résonnent au niveau national, européen, voire transatlantique.

Une première salle présente les origines de la Réforme. Une très riche exposition de bibles permet de sensibiliser les visiteurs à l’un des principes fondamentaux du protestantisme : sola scriptura, l’Écriture seule fait autorité.
Une tapisserie du XVIIe siècle représente le roi David jouant de la harpe et illustre l’importance de l’Ancien Testament dans la foi protestante. Elle introduit le thème du psautier huguenot, recueil de chants dont le musée expose des exemplaires rares.

Le XVIe siècle témoigne du rayonnement spirituel, culturel, intellectuel de la « Genève de l’Ouest » dû en particulier à ses imprimeurs. L’engagement des corsaires huguenots pour financer les combats du parti protestant est aussi évoqué.
En 1571, est signée à La Rochelle la Confession de Foi des Églises réformées du royaume de France. De cet événement majeur le musée conserve un exemplaire imprimé, signé de 1572 à 1668 par les pasteurs, anciens et diacres du consistoire.

 

 

 

Le Grand siège

 

Les dix commandements © MRHP

De l’apogée à la ruine, du règne d’Henri IV à celui de Louis XIII, La Rochelle voit son destin basculer. Le siège de La Rochelle de 1627-1628 est fatal à la puissante cité huguenote. Une digue ferme sa baie, la famine a raison de sa résistance. Un large espace permet de revivre cet épisode dramatique tout en explorant en détail la célèbre gravure de Jacques Callot.

La Révocation de l’Édit de Nantes et les chemins de l’exil vers les pays du « Refuge » affectent bientôt les croyants. Angleterre et Hollande sont les destinations principales, avant les grands départs vers l’Amérique du Nord et l’Afrique du Sud.
Toutefois, pendant la période du Désert, en raison de leur importance économique, les négociants rochelais bénéficient d’une certaine tolérance, alors que dans les campagnes et les îles, la répression sévit. Des cultes clandestins, le musée a conservé une chaire du Désert, des méreaux, des coupes de communion démontables mais surtout une tapisserie murale où sont brodés « Les dix commandements de la Loi de Dieu ». Le parcours se clôt sur la période de retour « à la normale » qui va de 1787 au XIXe siècle.

Après la visite, le musée propose un tour de ville pour découvrir les nombreux lieux de mémoire qui jalonnent la vieille cité huguenote.

 


 

La Rochelle, ses monuments

 

Ville autrefois fortifiée sur la mer et sur la terre, La Rochelle comporte encore quelques monuments de défense, dont les plus célèbres sont les tours de la Lanterne, Saint-Nicolas et de la Chaîne, vestiges de l’enceinte médiévale du XIVe siècle. Les deux dernières gardaient l’entrée du Vieux Port, notamment par une chaîne tendue entre deux d’entre elles. La porte de la Grosse Horloge, d’origine médiévale et surélevée sous l’Ancien Régime, s’élève à l’entrée de la riche cité marchande aux rues bordées d’arcades. Son célèbre hôtel de ville du XVe siècle, ses maisons Renaissance et ses hôtels particuliers du XVIIIe siècle, la Chambre de commerce (ancien hôtel de la Bourse) de la même période jalonnent un parcours riche d’histoire.

 

Et le pont Richer

Inauguration du pont Pierre Richer © Élisabeth Renaud

 

Lors du Synode régional à La Rochelle en novembre 2017 et dans le cadre du 500e anniversaire de la Réforme, une plaque  portant le nom du premier pasteur à La Rochelle, Pierre Richer, à été dévoilée sur le pont du canal Maubec. Pierre Richer a d’abord été ordonné carme de l’Ordre du Carmel d’Albi. Il fut membre d’un couvent à Paris. Il devint adepte de l’Église réformée et émigra à Genève quand il quitta l’ordre du Carmel.

À 50 ans, Pierre Richer fut choisi avec d’autres pasteurs par Calvin pour évangéliser les Amérindiens. Cette mission se soldera par un échec et un an plus tard, il revint en France et fut nommé ministre à l’Église réformée de La Rochelle. L’histoire de Pierre Richer a fait l’objet d’un article dans le numéro de janvier du Protestant de l’Ouest, que vous pouvez (re)découvrir ici.

Élisabeth Renaud

 

Musée rochelais d’histoire protestante, 2 rue Saint-Michel, La Rochelle.
Contact : mr-hp@orange.fr

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