C’est quoi l’amour de Dieu ?

Une histoire à lire en famille

Cet été, avec mes parents, nous sommes partis à la montagne. D’ordinaire, on va toujours au bord de la mer, mais cette année, mon père a décidé que ce serait la montagne.

– Tu verras, Maëlle, m’a-t-il dit. C’est beau, la montagne. Et puis, ça va nous faire marcher un peu. Chez nous, on utilise toujours la voiture pour aller à droite et à gauche. C’est dommage. Il faut qu’on reprenne l’usage de nos jambes.

Moi, mes jambes, je les faisais travailler tout le temps. Mais j’étais quand même très contente de partir. Dans la montagne, j’allais peut-être voir des aigles, des marmottes et des chamois !
La route a été longue jusqu’à notre chalet. Ça tournait, il y avait plein de virages les uns après les autres, mais enfin, on est arrivés. Il faisait complètement nuit, et on s’est couchés tout de suite tellement on était fatigués.

Le lendemain, ça a été génial. Ce sont les cloches des vaches et leurs meuglements qui m’ont réveillée ! J’ai tout de suite ouvert les volets : j’ai vu des vaches dans une prairie très très verte, une forêt de pins sur la montagne d’en face, et dans la vallée, tout en bas, un village qui semblait minuscule.
La deuxième surprise, ça a été au petit-déjeuner. Les gens à qui on louait le chalet avaient déposé devant notre porte du lait de vache tout juste trait. Jamais je n’avais bu de lait comme ça, aussi bon, aussi crémeux. Un vrai délice ! Et ça donnait des forces pour toute la journée. Pour la randonnée programmée par Papa, par exemple…

© Élisabeth Renaud

Juste après le petit déjeuner, mes parents et moi nous nous sommes habillés. Nous avons mis nos grosses chaussures de marche et, sac au dos, nous nous sommes mis en route, papa le premier avec la carte pour nous guider.

– Maëlle, regarde la carte. Tu vois ce sommet, tout là-haut ? C’est là qu’on va.
– Mais papa, ai-je répondu, c’est très très TRÈS loin !
Il a souri et m’a ébouriffé les cheveux. Ça ne m’a pas du tout rassurée… Mais nous sommes partis quand même.

Papa était devant. Maman, derrière, me donnait la main. On marchait sur le sentier, on regardait le ciel bleu, on admirait les fleurs et le paysage, on chantait des chansons, on faisait des devinettes…
Au bout d’un moment, on s’est arrêtés pour boire un peu d’eau et manger un mélange de noisettes et de raisins secs. J’en étais à ma dizième poignée de fruits secs (au moins) quand papa a sorti sa carte et est venu s’asseoir à côté de moi pour me montrer le chemin qu’on avait fait depuis le chalet et ce qui nous restait à faire.

– Tu vois, on est partis de là et on est arrivés ici. Maintenant, on va aller là.
J’ai failli m’étrangler avec une noisette.
– Mais papa, c’est encore très très TRÈS loin ! On n’a pas encore fait la moitié du trajet !
– Allez, Maëlle, ne t’en fais pas. Tu verras, le temps va passer vite…
– Papa, tu es sûr qu’on ne peut pas faire demi-tour ? ai-je demandé d’une toute petite voix. Mais il n’a rien voulu entendre, parce qu’il était hors de question de rater la vue qu’on aurait du sommet.

Une fois les noisettes terminées, on a recommencé à marcher. La côte devenait de plus en plus dure. J’avais mal aux jambes et aux pieds. Et surtout, j’avais l’impression qu’on n’arriverait jamais au bout. Mes parents chantaient de plus belle pour me changer les idées, m’encourageaient avec des « Maëlle, tu te débrouilles bien », « on n’est plus très loin, maintenant », « tu verras, je sais que tu peux y arriver »…

Mais moi, je savais que je n’y arriverais pas. Et à un moment, mes jambes ont refusé d’avancer, de faire un pas de plus. Je me suis arrêtée et j’ai commencé à pleurer.
– C’est trop dur. Je n’y arriverai jamais !
Maman s’est agenouillée devant moi.
– Ma chérie, je sais que tu peux y arriver. Tu es plus forte que tu ne le crois.
– Ce n’est pas vrai, je ne suis pas forte !
Papa a posé son sac à dos et sa carte par terre et s’est assis lui aussi à côté de moi.
– Maëlle, tu te souviens de l’histoire de Jérémie dans la Bible ? Un jour, Dieu lui a donné une mission. Il lui a dit de partir à la rencontre des gens pour leur parler de la Bible et de l’amour de Dieu. Jérémie lui a répondu qu’il ne pouvait pas faire ça, qu’il n’en était pas capable. Mais Dieu a insisté, parce qu’il savait qu’il réussirait. Eh bien, moi, je sais que tu arriveras au sommet.

Il a dû voir que je n’étais pas tout à fait convaincue parce qu’il a ajouté :
– Je ne te demande pas d’aller au sommet d’une traite ! On peut s’arrêter autant de fois que tu veux.
J’ai souri.
– Alors, tu crois que je peux avoir quelques noisettes pour me donner du courage ?
Papa a ri. Il m’a donné des noisettes, et nous sommes repartis à l’assaut de la montagne.

Une heure plus tard, j’arrivais au sommet. Papa avait raison, la vue était incroyable de là- haut. On voyait les montagnes d’en face, et tout en bas, la ville minuscule comme s’il s’agissait d’une ville de fourmis…

– Alors, Maëlle, c’est beau ? m’a demandé Papa.
– Oh oui !
Je me suis tournée vers lui.
– Dis, papa, tu avais vraiment confiance en moi. Dieu aussi me fait confiance ? Tu crois que lui aussi savait que j’allais arriver en haut de la montagne ?
– Bien sûr !
– Mais si je n’avais pas réussi, il aurait été fâché ? Il m’aurait trouvée nulle ?

Papa s’est agenouillé devant moi et m’a regardée dans les yeux.
– Dieu ne trouve personne nul. Il nous connaît tous, il sait quels sont nos qualités et nos défauts, et il nous aime tels que nous sommes. Il nous aime tellement que même quand on fait des erreurs, il nous pardonne.

Je l’ai regardé avec un sourire coquin.
– Ça veut dire que je peux faire plein de bêtises, alors ?
– Ah, ça, non, Maëlle ! s’est exclamé Papa. Dieu te pardonne tout, mais ça ne veut pas dire qu’il aime que tu fasses des bêtises !

Et il a ajouté de sa grosse voix de papa fâché :
– Et puis, si tu fais des bêtises, attention à ton papa ! Moi, je serai toujours là pour te gronder !

Il a poussé un cri de guerre et a fait mine de m’attraper. Je me suis sauvée en riant. J’avais beaucoup de chance : j’avais un papa et une maman qui croyaient très fort en moi, qui pensaient que je pouvais tout réussir. Et puis j’avais Dieu, aussi, qui m’aimait pour toujours, que je sache ou non marcher jusqu’au sommet de la montagne…

Une histoire imaginée par Marielle Pfender, Église protestante unie de La Rochelle

Prière

Seigneur,
Parfois, je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à colorier sans dépasser, je n’arrive pas à grimper à l’arbre comme mes copains, je n’arrive pas à répondre aux questions de la maîtresse.

Seigneur,
Dans ces moments-là, j’oublie que ce n’est pas grave, que je sais faire d’autres choses. J’oublie que tu m’aimes quels que soient la qualité de mes dessins, mon courage devant un arbre ou mes réponses aux questions.

Seigneur,
Aide-moi à me souvenir que tu m’aimes et que tu m’aimeras toujours, quoi que je fasse, sans rien me demander en échange.
Aide-moi aussi à aimer les autres de cet amour-là, confiant et infini.

Amen

 

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