Whistleblower, une posture protestante ? *

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En 2010, après la publication d’un livre intitulé Mediator 150 mg, combien de morts ?, dénonçant un crime industriel hors norme et aussitôt censuré en justice, j’ai lu pour la première fois le mot whistleblower (littéralement « personne soufflant dans un sifflet »), utilisé avec ironie à mon encontre par des experts de l’Agence du médicament, mécontents de ces révélations.

Je ne savais absolument pas ce que signifiait ce terme. Je suis allée sur Wikipédia et suis tombée sur sa traduction française, « lanceur d’alerte ». En déroulant l’article consacré aux lanceurs d’alerte, j’ai constaté que c’était exactement ce que j’étais en train de faire. Je ne connaissais pas cette notion, alors que j’étais très préoccupée par une démarche de dénonciation, qui me paraissait aussi essentielle que difficile à mener éthiquement. Parmi les lanceurs d’alerte historiques, cités par Wikipedia, j’ai découvert avec une immense émotion le nom de Martin Luther. Ainsi, c’était donc déjà cela l’alerte, la protestation, la dénonciation publique, celle qui conduit aux controverses féroces autant qu’aux nécessaires réformes ?

Sommé de se rétracter, voici ce que déclara Luther : Je suis lié par les textes de l’Écriture que j’ai cités, et ma conscience est captive de la Parole de Dieu ; je ne peux ni ne veux me rétracter en rien, car il n’est ni sûr, ni honnête d’agir contre sa propre conscience. Me voici donc en ce jour. Je ne puis faire autrement. Que Dieu me soit en aide. 500 ans plus tard, je peux affirmer que Dieu m’est venu en aide !

Irène Frachon,
Médecin pneumologue

* Cet article fait partie du numéro spécial édité par Le Protestant de l’Ouest en 2017, à l’occasion des 500 ans de la Réforme.

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